Les nouvelles d’Entraides Citoyennes
En dépit de la crise sanitaire qui perdure, les maraudes ont pu être assurées sans interruption pendant le confinement et pendant toute la période estivale !
Nous tenons à remercier tous les bénévoles qui ont continué à s’impliquer auprès de nous pendant cette période difficile et sans qui nous n’aurions pu maintenir nos activités. Un grand merci également à tous nos donateurs pour leur générosité, qui nous permet d’assumer nos frais quotidiens et de subvenir aux besoins du plus grand nombre par l’achat de denrées supplémentaires. Un spécial remerciement à Corinne Pairon pour les dons de produits d’hygiène ainsi qu’à la Boulangerie 18 Délices au 21 rue de La Chapelle et à l’entreprise Cafés Richard de Gennevilliers.
Les maraudes continuent pendant le couvre-feu, n’hésitez pas à vous inscrire ! Nous vous fournirons des attestations au nom de l’association en plus de l’attestation de déplacement dérogatoire.
Nous collectons également des dons : vêtements hommes et baskets hommes en bon état, produits d’hygiène (brosse à dent, dentifrice, savon, shampoing, mouchoirs etc.), duvets et couvertures. Les dons peuvent être déposés en semaine à Marcadet ou le samedi soir à Porte de La Chapelle.
Quelques infos
Une évacuation des campements se trouvant le long du canal Saint-Denis à Aubervilliers a eu lieu le 29 juillet. Plus de 2000 exilé.e.s d’Afghanistan, du Soudan, d’Ethiopie, du Tchad et d’ailleurs, ont été conduits dans des gymnases et centres d’hébergement d’urgence.
Cette évacuation est intervenue près de deux mois après que le tribunal administratif de Paris a ordonné aux villes de Saint-Denis et d’Aubervilliers, ainsi qu’au préfet de Seine-Saint-Denis et de région, de permettre un accès à l’eau et à des sanitaires sur les campements et d’y distribuer des masques et du gel hydroalcoolique. C’est seulement suite à un référé déposé par un collectif de plusieurs associations que cette décision avait pu être adoptée. Pourtant, elle n’a pas été suivie d’effets.Depuis, le campement s’est rapidement recréé au niveau de la porte de Paris et près de 1500 migrant.e.s, selon les estimations, s’y trouvent rassemblé.e.s sous des tentes dans des conditions particulièrement dégradantes.
Une déclaration des droits des personnes sans-abris a été signée par la ville de Villeurbanne, une première en France. Cette déclaration était réclamée par la Fondation Abbé Pierre ainsi que la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les personnes sans-abri (Feantsa). Si elle n’a pas de valeur normative, elle constitue un engagement de la part de la Mairie de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour permettre aux personnes sans-abris de faire valoir leurs droits.14 articles y sont exposés : le droit au logement, le respect du domicile même s’il s’agit d’un abri de fortune, le respect des biens, le respect des procédures, le droit à la domiciliation, la liberté de se déplacer et de s’installer dans l’espace public, le droit aux pratiques de survie (mendicité), le respect des besoins fondamentaux (alimentation, hygiène), l’accès aux services et aux droits sociaux, l’interdiction des discriminations à l’encontre des personnes sans-abri, le respect du droit de vote, la protection des données personnelles, la participation directe des personnes sans-abri à la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques les concernant et enfin, le droit de participer librement à la vie culturelle et artistique de la ville. Une expérience qui doit encore faire ses preuves mais qui pourrait être étendue à d’autres villes.
Récit de maraude
Maraude du 18 juillet :
Nous partons peu avant 21h du box. La circulation est dense, donc nous ne nous arrêtons pas avant la rue du Paradis, où 3 personnes campent comme d’habitude devant le supermarché. Nous montons ensuite place Franz Litsz, où Fred est assis sur les marches de l’église, l’air morose. Il se réchauffe peu à peu grâce aux thé et discussions. Pas mal de monde passe nous voir, dont le jeune homme dans sa tente avec sa femme, très heureux de pouvoir déguster la soupe et de trouver des vêtements pour sa dulcinée. Derrière le kiosque, un vieil homme nous taquine gentiment et accepte la nourriture avec grâce. Il s’appelle Bolek, les livres d’occasion lui appartiennent, et il est en réalité assez connu ! (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bolek_(libraire_de_rue)). Avant de partir, il me propose de prendre le livre que je veux, et finit par accepter, après force protestation, que je le lui achète. Un peu plus loin, sur un canapé confortable, un couple improbable formé d’une Egyptienne d’âge moyen apparemment droguée mais adorable et d’un asiatique un peu âgé sont enchantés de nous voir. La femme a les larmes aux yeux car sa mère est au bled et qu’elle se sent seule. Elle nous offre, à Rachida et à moi, de jolies petites veilleuses argentées.
Plus tard, à République, nous nous arrêtons devant la boutique Eram et rameutons une partie de la place. Nous vidons une bonne part de la gamelle et distribuons beaucoup de vêtements et d’hygiène. La bonne humeur règne. Nous continuons vers Bastille et faisons un arrêt à côté du commissariat où a élu domicile l’homme aux chiennes qui campait avant gare de Lyon. A côté se trouve aussi Aivars, un gentil Lituanien que nous avions croisé quelques semaines plus tôt, et nous bavardons un moment.
Nous finissons la soupe au marché aux fleurs, mais il nous reste pas mal de sachets. Nous allons donc rue de Rivoli, où nous rencontrons le rasta Philippe et d’autres gars très sympathiques. A Palais royal, les nouveaux aménagements et les travaux ont chassé presque tout le monde, mais un des habitués s’est installé sur la bouche d’aération devant l’entrée du métro et il a très faim. Rachida parvient à racler pour lui la fin de la gamelle. Quelques autres profitent du thé et café, dont un homme très gentil qui regarde dans le vague, l’air nostalgique, appuyé sur la rambarde du métro. Au milieu des hordes de jeunes venus profiter du samedi soir, un jeune homme, entouré de sa bande de copains endimanchés, nous dit réfléchir depuis longtemps à faire des maraudes et prend nos coordonnées. Nous croisons aussi deux restaurateurs furax en train d’essayer de rattraper un client parti sans payer (pas de trace de celui-ci, malheureusement pour eux).
Enfin, au Louvre, nous distribuons les derniers sachets qui nous restent, sans manquer de dire bonjour à l’immuable vieux Vietnamien et de bavarder un moment avec Marie.
Marion S.
Nous espérons vous (re)voir très vite dans le cadre de nos actions !